Axéréal Faire dialoguer api et agriculteurs

Tout est parti d'une banale altercation. Une agricultrice va prévenir son voisin apiculteur qu'elle va traiter le lendemain. Celui-ci, mécontent, l'accuse de tuer ses abeilles. Le ton monte. L'agricultrice se retourne alors vers son fournisseur de phytos, sa coopérative. Axéréal devient le médiateur entre les deux parties et démontre que tout est conforme. Le soufflé retombe, mais la coop ne compte pas en rester là, comme l'explique Charlotte de Colonges, responsable communication de la branche Métiers du grain et en charge du dossier Api-Agri. « Ils travaillent tous les deux avec la nature mais ne se comprennent pas. C'est dommage. Nous avons donc cherché un moyen pour qu'apiculteur et agriculteur se connaissent mieux. »

S'INFORMERET MAÎTRISER LE SUJET

Axéréal travaille sur la biodiversité et les pratiques agricoles, via ses services agronomie et RSE, mais n'est pas spécialiste de l'apiculture. La première étape a été de s'informer sur le sujet. Est-ce possible de concilier grandes cultures et abeilles ? La coop installe des ruches sur sa ferme expérimentale où tous les phytos sont testés. Sur 15 ruches, seule une ne décolle pas. Rassurée, Charlotte de Colonges étudie l'aspect économique et le temps de main-d'oeuvre, conciliable avec une activité de céréaliculture. A cette époque, en 2015, les prix des céréales sont bas et les agriculteurs cherchent à diversifier leur revenu. Les besoins en miel français sont énormes et les coûts d'investissement faibles (300 € par ruche et 400 € de matériel pour débuter).

TROUVERDES APICULTEURS PRO

L'idée d'une formation où les agriculteurs investiraient dans des ruches, émerge. Les chefs de région font remonter les demandes d'adhérents. Dix-sept stagiaires sont identifiés. Reste à trouver des apiculteurs pour les encadrer sur le terrain. La responsable de communication se rapproche d'un rucher école, pour les amateurs. Mais le contenu ne correspond pas à des agriculteurs. Finalement, elle démarche quelques apiculteurs professionnels, peu nombreux en région Centre-Val de Loire(soixante-deux sur les six départements). « J'ai demandé des conseils à Thomas Boulanger, un apiculteur éleveur de reines, reconnu par la profession. Il m'a envoyé des contacts et cela à fait boule de neige. Néanmoins, il était important que les apiculteurs soient proches (moins de 30 km) de l'exploitation agricole. Avec l'aide de l'interprofession, l'Adapic, et après beaucoup de coups de téléphone, le réseau s'est formé », ajoute Charlotte de Colonges. Axéréal rémunère les apiculteurs, 20 €/h par stagiaire, mais la moitié d'entre eux ne souhaitent pas être payés.

FORMER DES BINÔMES API ET AGRI

Axéréal, en tant que centre de formation, monte un programme, finançable par Vivéa, avec 24 h en salle (en partenariat avec l'Adapic, le GDS etl'association Hommes et territoires) et une cinquantaine d'heures en rucher. Les frais d'inscription sont de 150 € pour financer les manuels d'apprentissage. Un contrat est passé entre la coopérative et l'agriculteur pour qu'il suive la formation et s'engage à investir dans deux ruches minimum.En parallèle, Axéréal noue un partenariat avec un fournisseur de matériel apicole et un fabricant de gâteaux au miel pour assurer un débouché si besoin. Les binômes agriculteurs-apiculteurs se forment. Au bout d'un an, tous les stagiaires ont récolté du miel !

Aude Richard